vendredi 25 novembre 2022

Tommy Tallarico

Tommy Tallarico, l'homme, la légende (dixit son propre site web.) Un égo et une mythomanie si exacerbées que cela en devient hilarant.

Une vidéo de 2 heures (!) retrace son parcours et surtout, ses nombreux mensonges. Si vous avez la flemme de cliquer, lisez ce post. Et si vous avez la flemme de lire la suite, sachez qu la page Wikipédia de Tommy Tallarico résume bien l'homme. Plus précisément, l'avertissement en haut de sa page le résume. L'encyclopédie l'accusant d'avoir édité lui-même l'article et de l'avoir truffée d'anecdotes invérifiables.

Tommy Tallarico fonda son studio, en 1994. Féru de musique et de jeux vidéos, il voulu créer ds musiques et des bruitages de jeux vidéo.

Petite aparté pour les plus jeunes. Ceci est une cartouche d'Out Run

A l'époque, je pensais que le sous-titre signifiait que c'était un jeu doublement-méga ! Mais en fait, il souligne que la cartouche tient sur deux mégaoctets, ce qui était énorme pour l'époque. C'est-à-dire que les sprites, les musiques, les bruitages, etc. tout tient dans deux mégaoctets. Je pourrais à peine y sauvegarder cet article (images compressées incluses) dessus !

Donc, les musiques sont des boucles midi de quelques secondes et les bruitage, des fichiers d'une seconde.
Avantage : en deux temps, trois mouvements, Tommy Tallarico pouvait fournir son travail à l'éditeur.
Inconvénient : il devait travailler à la chaine pour faire tourner sa boutique.

Mais tout progressa très vite. Avec l'arrivée des CD-Rom, il était possible de créer davantage de sons et qu'ils soient plus réalistes.
Par contre, le centre de gravité du jeu vidéo était au Japon. Tommy Tallarico travailla surtout sur des jeux de seconde zone. Comme Messiah, où l'on manipule un chérubin doré. Lorsque le personnage se prend un obstacle, il émet un "oof". Il avait été échantillonné à partir d'une petite fille se cassant la figure.

Aux Etats-Unis, tous les garçons avaient désormais une console. L'engouement était là. Par contre, personne n'incarnait les jeux vidéos. Les développeurs étaient presque exclusivement des Japonais, qui avaient plutôt tendance à minimiser leur travail.

Les rares Américains, eux, fuyaient les médias. Tel Joey Kuras, l'homme de l'ombre du Tommy Tallarico Studios. C'est ce que j'ai trouvé de mieux, comme photo ! L'homme qui a enregistré et échantillonné le "oof" n'a même pas de photo sur son site pro !

Et puis, vous aviez Tommy Tallarico. Il était jeune, exubérant, drôle et il adore les médias.

Son rôle était assez mineur, mais faute de mieux, les médias US en font leur "M. jeu vidéo".

En 1997, il devint co-présentateur d'Electronic Playground TV aux côtés du producteur Victor Lucas. L'émission traitait de l'actualité du jeu vidéo de manière décalée. Tommy Tallarico soulignait volontiers qu'il avait travaillé sur tel ou tel jeu. Y compris ceux où Joey Kuras n'avait réalisé que quelques bruitages.

En 2002, Jack Wall, un autre créateur de musique de jeux vidéo, proposa à notre homme un nouveau projet : des musiques de jeu vidéo jouées live. Il s’appelait tout simplement Video Games Live. Jack Wall était le chef d'orchestre, tandis que Tommy Tallarico introduisait les morceaux et jouait de la guitare.

Tommy Tallarico compris vite qu'il pouvait tirer parti de la culture geek. On le vit apparaitre dans plusieurs vidéos, où il parlait de jeux vidéos anciens. Il avait un vrai talent pour mettre en relief et rendre intéressantes les choses.

Tommy Tallarico était donc une tête bien connue du grand public. Un ancien animateur de TV, qui donnait des concerts symphoniques.

Hélas, il fut atteint du syndrome Patrice de Bruyne : il en voulait davantage. Il voulait devenir une idole, quitte à (mal) inventer. Alors que depuis 2010, le Tommy Tallarico Studios était mis en veilleuse, le nombre de jeux sur lesquels il avait travaillé ne cessait d'augmenter !
Dans ses interventions, il racontait désormais que de passage chez Sega, au Japon, il avait croisé Michael Jackson en pleine composition de Sonic 3. Pour Metroid Prime, Hideo Kojima basa les personnages sur les bruitages qu'il a créé ! Guitar hero ? Il a été jusqu'à proposer un jeu autour de son cousin Steven Tyler (dont le vrai nom est Tallarico), Guitar Hero Aerosmith !

Très cabot. Il poste ENORMEMENT de photos sur les réseaux sociaux. Bouddhiste à la petite semaine, il aurait eu la révélation après avoir rencontré le Dalaï Lama...

Sauf qu'il s'agit d'une statue de cire du Musée Tussaud de Londres !

"Regardez, je pilote ma Ferrari, sur circuit !"

Sauf qu'ensuite, sur ses propres photos, on découvre que "sa" Ferrari appartenait à une école de pilotage...

Plus généralement, on remarque que ses photos avec des célébrités sont toutes très posées. Le genre de photos prises lors de conventions, où, moyennant finance, on peut se faire prendre aux côtés de l'invité.

Même avec son soi-disant cousin Steve Tyler, il n'y a qu'une poignée de photos comme celle-là. Pourtant, Tommy Tallarico dit avoir été invité à ses concerts alors qu'il n'était qu'un petit garçon. Pourquoi n'y a t-il pas de photos de réunions de famille ?

L'erreur de Tommy Tallarico fut de tenter d'impressionner un public de binoclards. Des personnes qui s’empressèrent de vérifier ses dires... Et forcément, rien ne collait.

Comme Patrice de Bruyne, il avait tendance à se faire bannir des forums et à ne plus parler qu'aux moins malins...

L'Intellivision fut un console des années 80, créée par Mattel pour concurrencer l'Atari 2600. Keith Robinson, un ancien programmeur, en récupéra l'usufruit et il en mit les jeux vidéo en ligne, aux début d'internet. Il mourut en 2017 et Tommy Talarico racheta le nom aux héritiers.

Il souhaitait lancer l'Intellivision Amico, un console à vocation familiale. Il serait possible de jouer à plusieurs, ensemble, sans connexion internet, micro-transactions, etc.

Tommy Tallarico réunit un quarteron de professionnels du jeu vidéo. Il compléta le tour de table par trois (!) campagnes de financement participatifs. 2019 et 2020 passèrent, sans que la console n'apparaisse. Les internautes, s’estimant lésés, le contactèrent via l'un de ses comptes sur les réseaux sociaux. Les bons jours, il répondait avec des citations de Martin Luther King. Les mauvais, il insultait les internautes...

C'est alors que quelqu'un découvrit que le son "oof" de Roblox provenait de Messiah. Joey Kuras avait abandonné les droits sur ses sons à Tommy Tallarico.

Ce dernier commença par tweeter : "Oui, je me souviens de ce son qu'un de ms gars avait fait". Puis il comprit l'importance du "oof" et il approcha Roblox. Inventant au passage une histoire sur comment il échantillonna le son...

Roblox n'accepta pas son offre, mais il créa une série de sons pour le jeu.

Il en profita aussi pour discrètement quitter le navire Intellivision...

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