mardi 17 janvier 2023

Vendre de l'informatique : 4. des consoles dans mon supermarché !

Les premiers supermarchés arrivèrent en France à la fin des années 50. Bientôt, ils allaient fleurir dans ces banlieues et autres villes nouvelles que l'on bâtissait à la hâte. Les épiciers furent les premiers à s'alarmer. Le grand bazar (1973) évoquait avec humour (?) cette concurrence déloyale entre supermarchés et épiciers.
Toujours en 1973, la loi Royer visait à mettre des bâtons dans les roues des supermarchés. L'obtention d'un permis de construire, pour une grande surface, était compliquée... Mais cette loi profita surtout aux grandes surfaces : il était sûr qu'à terme, aucun autre supermarché ne s'installerait près d'eux. Donc ils purent planifier leur croissance à long terme. Ils purent ainsi grandir et devenir des hypermarchés. Les supermarchés des années 60, 70 vendaient de l'alimentaire à prix bas, grâce aux tarifs de gros. Une activité avec peu de marges. L'idée des années 80, 90, c'était d'offrir de manière ponctuelle, des produits non-alimentaires à bas prix, qui servaient à tracter des clients. Par exemple, un arrivage de TV Sony grand écran vendues 100 francs ou 200 francs de moins que Darty.

Les grandes surfaces ne voulaient pas entendre parler de consoles. Bandai (qui distribuait Nintendo) et Kenner Parker (qui distribuait Sega) voulaient un prix unique et une mise en place tout l'année, quel que soit le canal de distribution. Alors où était l'intérêt du supermarché ?
Le tournant eu lieu à noël 1990. La Nintendo Game Boy et la Sega Mega Drive avait cartonnés au Japon et aux USA, en 1989. Et elles arrivaient en Europe. Là encore, c'était prix unique (590 francs pour la Game Boy ; 1090 francs pour la Mega Drive.) Mais après tout, ça serait dommage de les laisser aux magasins de jouets...
Ce furent les deux stars du rayon jouet. A peine une enseigne mettait une palette de Game Boy en rayon, à peine elle se retrouvait dans les caddies. Nintendo et Sega s'étaient engagé à livrer en premier les hypermarchés. Beaucoup de magasins de jouets furent donc livré en janvier, voire en mars...

Surtout, contrairement aux autres jouets, la demande resta forte après les fêtes. D'ordinaire, le rayon jouet était démonté après noël. Là, les enseignes installèrent de manière permanente de rayon "jeux vidéo". Auchan édita même un encart dans Tilt sur les meilleurs jeux vendus dans ses rayons !

Le temps des disquettes vendues à l'unité dans les boutiques informatique semblait déjà loin ! Noël 1991 s'annonçait tout aussi bien, avec l'arrivée de Sonic. Tilt avait créé un magazine sur les jeux consoles, Console + et le N°1, consacré au hérisson, fut vite épuisé !
Du coup, les autres grandes surfaces voulurent à leur tour un rayon jeu vidéo. Virgin -qui succéda à Kenner Parker comme distributeur de Sega- ouvrit des corners avec beaucoup de produits Sega (dont la nouvelle Game Gear) et peu de Nintendo. Les autres avaient l'habitude d'une distribution à l'ancienne : j'achète et ensuite, je viens chercher mon produit au comptoir. Alors que les consoles étaient plus adaptées à un achat d'impulsion. Pas d'exception chez Boulanger, qui proposait néanmoins aussi des consoles plus exotiques (NEC Coregrafx, Atari Lynx...) La FNAC opta pour une implantation libre-service. Vous deviez chercher votre walkman à 200 francs au comptoir, mais la Mega Drive à 1090 francs, elle était en rayon ! Quant à Darty... Leur seul espace libre-service, c'était l'après-vente. Un  espace délaissé, vu que la vendeuses n'était pas commissionnée ! Les consoles étaient à chercher au comptoir, tandis que les jeux étaient entre les sacs d'aspirateur et les alimentation !

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