Aux Etats-Unis, pas de souci. Dès les années 60, il existait des grandes surfaces d'électronique grand public (Best Buy, Circuit City, Tandy...) qui quadrillaient le pays. Elles prirent le virage de l'informatique, à la fin des années 70.
En France, informatique était synonyme de boutiques spécialisées. Or, elles s'adressaient plutôt à une clientèle adulte. Les consoles de jeu tombaient dans un no man's land. Les grandes surfaces (Boulanger, Darty, FNAC...) jugeaient ces produits trop enfantins. En plus, les ventes étaient saisonnières. Par contre, les consoles étaient des produits trop chers et trop techniques pour des jouets.
Néanmoins, Nintendo et Sega misèrent sur les magasins de jouets. Ils sous-traitèrent respectivement la distribution à Bandai et à Kenner Parker, qui possédaient une bonne connaissance du terrain. Or, à la fin des années 80, les jouets étaient presque exclusivement vendus dans de petites boutiques. Les boites de consoles étant volumineuses, elles atterrirent en haut des étagères, où elles prenaient bien la poussière ! Aussi, cela plaçait le visiteur en position d'acheteur. Car si vous vouliez regarder la boite, il fallait demander à la propriétaire, qu'elle aille chercher l'escabeau, puis qu'elle descende la console... Difficile de dire ensuite : "Finalement, non. Remontez-là !" Or, 690 francs (1) en 1988, c'était une sacrée somme ! Accessoirement, les propriétaires de magasin n'avaient aucune notion d'informatique et ils ne vendaient même pas de jeux à part !
Autant dire que les constructeurs comprirent qu'ils étaient dans une impasse.
L'alternative, c'était les quincailleries ! Historiquement, les quincaillers vendaient un peu tout ce que les autres magasins du quartier ne proposaient pas (calculatrices, piles, petit électroménager...) Par opportunisme, ils s'étaient mis à l'électronique bon marché : jeux électroniques, walkmans, boombox... C'était le temps de l'arrivée du "made in Taïwan". Certains destockeurs récupérèrent du matériel passé de mode : Atari 2600, Commodore C64... Ils se retrouvaient entre les pots de peintures et les outils Facom.
C'est assez triste, pour ces boutiques de quartier. Elles tentaient de résister à l'ogre supermarché et au contraire, elles poussèrent les fabricants de console dans les bras de la GMS...
(1) Nintendo et Sega imposèrent un prix unique. 690 francs pour la console avec une manette et un jeu ; 990 francs pour la console avec deux manettes et deux jeux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire