mardi 15 janvier 2019

Prost Grand Prix (1998)

Attention les yeux, voici un jeu vidéo complètement loupé : Prost Grand Prix !

A l'hiver 1997, Alain Prost rachetait l'écurie Ligier, qu'il renomma Prost Grand Prix. Depuis sa retraite, fin 1993, le quadruple champion de F1 avait noué pas mal de relations et il avait beaucoup étudié les différents modèles économiques. Du coup, Prost en était persuadé : une grande équipe de F1, ce n'est pas que des résultats. Il faut aussi créer un engouement auprès du grand public et fidéliser des partenaires. Pour la saison 1998, la première vraie saison de l'équipe, il débarqua avec tambours et trompettes, aux côtés d'annonceurs près à le suivre jusqu'au bout du monde (Agfa, Alcatel, Canal+...) et des produits dérivés (dont un jeu vidéo...)
En quelques années, Canal + s'était faite une place au soleil dans le paysage audiovisuel français. Sous l'impulsion d'une Compagnie Générale des Eaux devenue Vivendi, elle souhaitait conquérir le monde. La F1 faisait parti de cette stratégie, avec la mise en place du Kiosque : une diffusion multi-angle (payante) des Grand Prix où le téléspectateur pouvait jouer lui-même les réalisateurs. Canal + Multimédia était un petit éditeur de jeu vidéo, essentiellement des licences C+ (comme Les Guignols de l'Info.) Lui aussi, avec Vivendi, il devait changer de dimension.
Les attentes étaient donc énormes autour de Prost Grand Prix. L'écurie de F1 comptait sur lui pour toucher le grand public et acquérir une large base de supporters, qu'elle pourrait vendre à des partenaires. Quant à Canal+ Multimédia, il espérait que ce serait un premier pas vers des jeux plus ambitieux.

Il fut co-développé par Ocean et Infogrammes. Visiblement, ils se sont beaucoup inspiré de Grand Prix 2 de Micropose, sorti 3 ans plus tôt. Il était exclusivement commercialisé sur PC.

Le jeu commence par une liste de toutes les personnes qui ont travaillé sur le jeu, puis l'ont voit quelques photos de l'équipe et de la voiture. Puis, comme dans Grand Prix 2, il y a de nombreux écrans de réglage, avec la possibilité de courir le championnat ou de visiter les circuits de F1 pour une course one-shot. Bien sûr, vous ne pouvez piloter qu'une voiture, la Prost Grand Prix.
Puis c'est la course... Les graphismes sont au niveau de Grand Prix 2, sauf que 3 ans après, on savait déjà faire de meilleurs rendus 3D...

En 1998, beaucoup de gens avaient des PC en configuration bureautique, sans carte graphique, ni carte son. Le son midi de Prost Grand Prix était particulièrement affreux. Ensuite, si vous aviez assez de RAM, vous pouviez augmenter la configuration. Mais là, vous risquiez le lagging...

Contrairement à Grand Prix 2, vous n'aviez pas de dommage. Même après un beau tour sur la pelouse, vous pouviez reprendre la piste comme si de rien n'était !
Et puis globalement, on avait l'impression que c'était un travail vite-fait, mal-fait. L'équipe de F1 n'avait fait que fournir quelques photos. Ils n'avaient même pas pris la peine de prendre la pose pour les futures scènes du jeu. Voici donc Prost Grand Prix célébrant une victoire :
Jeu oubliable, Prost Grand Prix n'a guère été aidé par les circonstances. L'écurie naviguait en fond de grille. En 1999, elle décrocha un podium très chanceux. Mais ce fut insuffisant. Les sponsors claquèrent la porte. Quant à Vivendi, dès 2000, il commença à boire la tasse. Canal+ Multimédia fut fondu dans Infogrammes.

En 2000, les rêves de grandeurs étaient déjà loin. Prost Grand Prix était dans une opération survie, avec des partenaires de seconde zone. L'écurie ferma ses portes à l'hiver 2001-2002.

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