dimanche 15 janvier 2023

Vendre de l'informatique : 2. la boutique du quartier


Au début des années 80, toute une série d'ordinateurs destinés au grand public apparait : PC, bien sûr, mais aussi Sinclair ZX, Commodore (PET, C64 et beaucoup plus tard Amiga), puis les Amstrad CPC et autres Atari ST. Pas question de les acheter dans les grandes boutiques d'informatique, qui ciblaient les professionnels.
Il y avait un fort turnover chez les informaticiens. Certains avaient été formés sur des machines ou des langages qui n'existaient plus. D'autres étaient employés de SSII ayant mis la clef sous la porte. Enfin, il y avait ceux qui se plaignaient des horaires à rallonge et du manque de reconnaissance. Beaucoup fondèrent leurs propres SSII. Mais certains ouvrirent des boutiques d'informatique.

C'étaient de toutes petites boutiques, de 10m², 20m² maximum, avec un bric-à-brac incroyable. Malgré tout, il avait rarement du stock. Ordinateurs, logiciels, accessoires, jeu... Il fallait passer commande de tout. Certains fabricants n'avaient même pas de catalogue, juste des polycopiés en noir et blanc. Vous disiez "je veux ça", il regardait le prix, sortait sa calculatrice, vous payiez et voilà... Plus qu'à repasser dans 3 semaines, lorsque votre colis sera arrivé ! Et encore, au début des années 80, beaucoup de fournisseurs connurent une existence éphémère. A peine le logiciel ou la carte-mère lancée, ils disparaissaient. Ça alla mieux ensuite. Votre revendeur pouvait même leur passer commande par Minitel.
L'informaticien (qui était généralement l'unique employé) faisait du dépannage et donnait des cours d'informatique. Deux prestations utiles, qui lui permirent de conserver son activité jusqu'à la fin des années 90, alors qu'il ne vendait plus aucun ordinateur (certains firent également cyber café.) En attendant, vous le trouviez souvent en train de réparer une machine (ou de travailler sur son propre programme) : "Keskya ? Repassez dans une heure, je suis occupé, là !" Globalement, il était très mauvais commerçant : "Un CPC464 ? Mais c'est de la merde, ça, gamin !" Il avait ses têtes. C'était un nerd à l'époque où le terme ne portait pas grand chose de positif.

Les boutiques d'informatiques connurent leur apogée durant la seconde moitié des années 80. Puis les consoles 16 bits marginalisèrent les ordinateurs de loisirs. L'une des erreurs d'Amstrad et de Commodore fut de rester fidèle aux boutiques d'informatiques, alors que les grandes surfaces s'imposaient comme distributeur de consoles. Puis, avec l'arrivée de Windows 95, les fabricants de PC se tournèrent à leur tour vers les GMS. Il ne restait plus qu'Apple, qui cultivait volontiers cette image "indé"... Mais avec l'iMac, Apple débarqua à son tour dans les linéaires des grandes surfaces spécialisées.

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