Vers 1992, les consoles faisaient désormais parti du paysage. Presque tous les 10-15 ans en avaient une. Bien sûr, vous finissez par vous lasser des jeux. Surtout que chaque mois, dans la presse spécialisée, il y avait des nouveautés... Imaginez que vous étiez, au hasard, fan de jeux de voitures. Dans un vieux Génération 4, vous découvriez Lotus Esprit Turbo Challenge. Vous enquiquiniez votre grand-mère, vous demandiez une avance sur votre argent de poche du mois prochain à vos parents. Ça y est, vous aviez réuni les 329 francs du prix de la cartouche Mega Drive... Mais à Carrefour, il n'avaient qu'Altered Beast, Sonic et Strider !
Car dès la fin des fêtes, les rayons jeux vidéos des grandes surfaces se réduisait à peau de chagrin. Et même à noël, ne comptiez pas trouver des "Gen d'or"...
A cause du codage PAL-SECAM, les fabricants avaient du adapter leur catalogue. A leur apogée, la NES et la Master System n'avaient chacune qu'une cinquantaine de jeux. Le Game Boy n'avait pas ce problème, mais il fut lancé en Europe avec trois jeux, avant de passer à neuf pour noël et d'atteindre deux ans plus tard vingt-quatre titres ! Les grandes surfaces, très frileuses, n'allaient pas mettre tout en rayon. Elles préféraient miser sur des valeurs sûres, comme les licences. Infogramme fit ainsi un carton à chaque noël, malgré des jeux bâclés...
Des petits malins -souvent eux-mêmes passionnés de jeux vidéo- comprirent qu'il y avait un marché. En plus, avec l'essor des grandes surfaces, de nombreux commerces de centre ville avaient mis la clef sous la porte. Donc, on pouvaient trouver des locaux à prix modiques.
Ces boutiques s'offraient volontiers des pages dans la presse spécialisées. Elles promettaient d'avoir toutes les nouveautés... En fait, elles étaient à peine plus grandes que les anciennes boutiques d'informatiques. Jeux Sega et Nintendo introuvables en grandes surfaces, imports US et Japonais, jeux pour consoles exotiques (NEC, Lynx, Jaguar...), jeux d'occasions. Il y en avait du sol au plafond ! Tout était plus ou moins rangés dans des étagères dédiées. Pour éviter la fauche, les étagères fermaient à clef (variante : les boites étaient vides et on vous donnait votre cartouche après paiement.)
C'était toute une ambiance ! Les vendeurs étaient des lycéens... Et le patron était à peine plus vieux qu'eux. Personne n'avait d'uniforme ; le samedi, c'était vite plein et il fallait s'adresser un peu au hasard. Il y avait généralement des TV. Elles diffusaient des imports Japonais. On était loin des trois jeux vendus en hypermarché ! Et tout aussi généralement, vous aviez un Remy qui voulait faire son intéressant : "Ce jeu-là, je le connais trop bien ! Je l'ai fini en deux jours !", "chez moi, j'ai une Neo Geo Américaine, t'as un Mario inédit dessus." ou "ce jeu, je peux te dire tout ce qu'il y'a écrit. Mon grand-frère, il fait une Maitrise de chinois à la Sorbonne et il m'a tout traduit." Vous aviez aussi le vieil otaku, qui demandait discrètement, la bave aux lèvres : "Vous avez Gals panic ?" Et c'est dans ces 30m² que vous passiez votre après-midi, à regarder des jeux qui n'étaient pas pour votre console ou dans votre budget...
Akira fut le premier manga traduit en français. Mais ce sont Dragon Ball Z, Saint Seiya et... Sailor Moon qui ont vraiment lancé le mouvement. Avec le début des goodies. Les figurines "direct Japon" étaient vendues à prix d'or. Dans les grandes villes, vous aviez plusieurs boutiques. Parfois, elles étaient mitoyennes ! Mais les patrons savaient s'entendre sur les prix...
Sony avaient étudié les forces et faiblesses de ses concurrents. Pour la Playstation, on vit pousser d'emblée, dans les grandes surfaces, des armoires dédiées. Bientôt, ce fut l'heure des PC, où il n'y avait plus de question de zonage.
L'intérêt des boutiques diminua. D'autant plus que Micromania proposait presque autant de choix, dans un cadre plus pro. Certaines boutiques mirent le paquet sur les manga ou les cartes graphiques (oui, déjà...)
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